2025 : Le CDI recule, les compétences avancent
L’externalisation s’impose comme un levier stratégique majeur pour les entreprises françaises. Dans un marché du travail sous tension, où les embauches en CDI ralentissent, elles sont désormais 63 % à externaliser au moins une fonction, selon le Baromètre Outsourcing d’Ernst & Young.
Une tendance qui bouleverse les codes traditionnels du salariat, et propulse les consultants en prestation au cœur des stratégies d’agilité des organisations. Un chiffre révélateur d’un changement de paradigme : face à l’incertitude économique, la flexibilité prime.
Un marché de l’emploi en recomposition
D’après la Dares ( Direction de l’Animation de la recherche, des Études et des Statistiques / Ministère du travail), les embauches en CDI ont nettement reculé au quatrième trimestre 2024. Dans ce contexte, le recours à des ressources externes apparaît comme une réponse pragmatique à la difficulté de planifier sur le long terme. Le CDI perd du terrain, et avec lui l’idée d’une stabilité professionnelle assurée.
L’essor du consultant en prestation
Ce mouvement profite largement aux consultants en prestation de services, des cabinets de conseil ou en freelance. Leur atout ? Une expertise immédiatement mobilisable, sans les contraintes d’un recrutement permanent.
D’après une étude conjointe de Grant Thornton et Ipsos, 75 % des dirigeants estiment que l’externalisation est une tendance de fond, et non une simple réponse conjoncturelle. Pour beaucoup, il s’agit de gagner en agilité et en efficacité tout en recentrant les ressources internes sur le cœur de métier.
Les domaines les plus concernés ? Le numérique (cybersécurité, cloud, développement), la finance, le marketing stratégique et la transformation RH. L’OPCO Atlas indique ainsi que plus de 1 200 entreprises ont sollicité en 2024 des prestations de conseil RH, illustrant la diffusion de cette logique bien au-delà du secteur IT.
Un modèle attractif… mais exigeant
Pour les consultants, cette montée en puissance rime avec opportunités : choix des missions, diversité des environnements, rémunération parfois plus attractive. Le site Indeed recense plus de 7 000 offres de mission en cours pour ce type de profils.
Mais cette liberté a un prix : instabilité entre les contrats, isolement professionnel, lourdeur administrative pour les indépendants. Sans oublier les questions liées à la protection sociale. Car si les plateformes spécialisées facilitent la mise en relation, elles n’offrent pas le filet de sécurité d’un employeur traditionnel. Le modèle du portage salarial apparaît alors comme une option sécurisante puisqu’il propose au consultant un statut de salarié en le laissant libre du choix, de la durée de ses missions et du montant de sa rémunération.
Vers une nouvelle norme du travail ?
Le rapport de France Stratégie souligne une réalité de plus en plus assumée par les entreprises : dans un monde en mutation rapide, le recours à des compétences externalisées devient un outil de gestion structurel, et non une solution temporaire. L’OFCE anticipe même une perte nette de 100 000 emplois en France en 2025, renforçant encore cette tendance à l’externalisation.
Une bascule structurelle
Le marché de l’emploi glisse vers un modèle plus flexible, basé sur les compétences et les missions plutôt que sur des postes pérennes. Le consultant en prestation devient un rouage essentiel de cette économie du « sur-mesure », capable de répondre rapidement aux enjeux des entreprises. Cette transformation invite à réinventer le contrat social et les protections associées à ces nouvelles formes d’emploi, afin de concilier agilité économique et sécurité professionnelle.