Notre contributrice

Cynthia Antoine-Marcellin

Métier / fonction : Chargée de communication et d’événementiels Campus René Cassin
Domaine d’activité : Communication – Enseignement supérieur
Vous en un mot : Fidèle à moi-même !

“L’alternance est une transition parfaite vers le monde des adultes et du travail.”

“Je suis convaincue que si le travail ne correspond pas à nos aspirations, cela affecte notre identité en tant qu’individu. Je ne pourrais pas envisager de faire un travail qui ne me corresponde pas, qui ne refl ète pas qui je suis en tant que personne.”

“Les valeurs se ressentent plutôt qu’elles ne s’écrivent. Toutes les entreprises ont des valeurs et sont obligées, à un moment, de les affi cher. Mais il y a une différence entre les affi cher et les vivre.”

“Je serai toujours plus fi dèle à mes valeurs plutôt qu’à une entreprise ou un poste”

L’alternance pour préparer au monde du travail

J’ai 25 ans et j’ai fait en tout cinq ans d’alternance. Je ne suis pas arrivée sur le monde du travail sans rien. J’ai opté pour l’alternance car c’est concret. On entre directement dans la vie professionnelle. Il y a souvent des programmes d’alternance à partir de la troisième année, comme je le constate ici sur le campus René-Cassin. Mais je dois avouer que le choix de m’inscrire directement en BTS m’a procuré une certaine indépendance financière. 

Soyons réalistes, les parents ne sont pas toujours en mesure de nous soutenir comme on le souhaiterait. Personnellement, je voulais gagner mon propre argent, et j’ai trouvé le moyen de le faire. Pendant que la plupart de mes amis travaillaient les week-ends, je n’avais pas besoin de le faire, grâce à mes facilités scolaires qui me permettaient de ne pas avoir à consacrer spécifiquement les week-ends à mes études. Pour moi, c’est aussi le désir de plonger directement dans le monde professionnel. C’est du concret, pas juste de la théorie apprise en cours ; ici, on est réellement au travail. C’est une transition idéale vers le monde des adultes.

Aviez-vous hâte de rentrer directement dans le monde professionnel ?

Absolument ! En fait, j’avais déjà obtenu un BAC professionnel auparavant. Peut-être que cela a influencé ma décision. Même si j’aurais pu facilement opter pour une filière générale, je tenais absolument à suivre une formation professionnelle, car elle offrait de nombreuses opportunités de stages. Je pense que j’ai toujours eu ce désir profond de m’immerger dans le monde du travail. De plus, pour atteindre mes objectifs professionnels, des études étaient nécessaires, je le réalise maintenant. Le fait de ne pas avoir à payer les frais de scolarité a également joué un rôle important dans ma décision. Mon école coûtait 10.000 euros par an à partir de la troisième année. Personnellement, je n’ai rien payé. Cette situation m’a permis d’obtenir un diplôme de master sans contracter de prêt, et ainsi de commencer ma carrière professionnelle sans être accablée par des dettes dès le départ.

Le système d’alternance encore en développement

L’alternance n’est pas encore bien intégrée. J’ai cette impression alors que j’étais dans un CFA mes deux premières années. Ils étaient bien préparés. Mais maintenant, j’ai le sentiment que toutes les écoles sont un peu prises au dépourvu par le concept de l’alternance et ne sont pas toujours prêtes à le gérer efficacement. Cela prend du temps pour à mettre en place. On le voit notamment dans l’organisation des emplois du temps. Ils ne réalisent pas toujours que nous ne sommes plus simplement des élèves, mais aussi des employés en formation. Parfois, ils prévoient des cours qui ne sont pas adaptés à notre situation professionnelle. Je pense qu’ils sont un peu dépassés par la situation, mais ils n’auront pas d’autre choix que de s’adapter. Sur notre campus, on observe cette évolution. Nous sommes passés d’un taux de 50 % d’étudiants en alternance à 75 % d’étudiants aujourd’hui.

Pour moi, il s’agit d’ouvrir en grand les portes du monde professionnel aux étudiants, au sein même des établissements scolaires. En fait, il n’y a rien de plus concret que ça. Vraiment, on a beau apprendre à l’école, on est quand même assis derrière une chaise. Et ce n’est pas pareil. Si on veut vraiment du concret et arriver dans le monde du travail avec toutes les clés en main, on n’a pas le choix.

Réussir à déconnecter du travail

Je mentionnais que j’avais des amis qui travaillaient le week-end. Personnellement, je ne pense pas du tout au travail pendant le week-end, et je pense que c’est ce qui me permet d’être pleinement concentrée sur mon travail en semaine. Je suis convaincue que si je parviens à déconnecter, cela me rend plus efficace dans mes tâches durant la semaine. D’ailleurs, c’est un peu ce que j’ai exprimé en premier lieu : la déconnexion. Pour moi, c’est crucial de pouvoir profiter de ces moments de week-end de cette manière.

Il est impossible de ne pas penser au travail, car notre secteur d’activité revient toujours d’une manière ou d’une autre. Mais peut-être qu’il ne faut pas y penser tout le temps. En tout cas, je trouve qu’avoir deux téléphones est extrêmement important. Personnellement, le vendredi soir, je range mon téléphone professionnel dans un autre sac, afin de le laisser de côté jusqu’au lundi matin. Ce matin, quand je suis arrivé, il était complètement déchargé, donc je l’ai rechargé, mais je fais déjà une coupure en ayant deux téléphones distincts. C’est crucial, car si nous avons nos e-mails professionnels même pendant le week-end, nous ne parvenons pas à décrocher. Pour ma part, tous mes e-mails professionnels se trouvent sur mon téléphone dédié au travail.

Une vision du travail qui peut être mal perçue par les générations précédentes

Je n’ai pas personnellement entendu des personnes pensaient que c’était mal, mais je suis consciente que certaines personnes jugent les nouvelles générations à propos de la déconnexion. Pour ma part, je me considère un peu comme une sorte d’intermédiaire d’une transition générationnelle. À 25 ans, je sais que je suis jeune, je ne prétends pas être vieille, mais je suis consciente que la génération qui arrive après moi sera probablement encore plus exigeante en termes de conciliation entre travail et vie personnelle. Je le remarque même dans les posts Linkedin et les articles que je lis, cela devient de plus en plus exigeant. Pour ma part, j’arrive à comprendre que j’ai de la chance d’avoir un emploi, mais je ne veux pas vivre uniquement pour le travail. C’est ce que j’essayais de dire plus tôt, et je pense que cela me permet de revenir au travail chaque semaine en étant plus motivée et efficace. Je sais que si je ne déconnecte jamais, cela peut avoir des conséquences sur ma productivité. Il y a eu une période, notamment en décembre, où j’ai eu du mal à décrocher, même le week-end. Je me suis rendu compte que cela avait un impact sur ma performance au travail. Aujourd’hui, je suis plus consciente de l’importance de déconnecter pour être plus efficace.

La déconnexion acceptée par les entreprises

Je pense que cela dépend vraiment de l’entreprise et de sa culture de management. Dans mon cas, par exemple, je trouve que c’est raisonnable, et il y a un bon équilibre. S’il y a un dossier urgent qui nécessite juste une relecture le samedi et que cela permet réellement d’avancer plus efficacement le lundi ? Si c’est le cas, je le ferai, mais j’attends en retour une certaine flexibilité lorsque j’aurai besoin de me déconnecter plus tôt pour partir. 

Je pense que ces échanges équitables sont des pratiques qui fonctionnent bien. Mais pour répondre à la question, je crois que cela dépend vraiment du style de management de l’entreprise. D’ailleurs, je dirais même que lors des entretiens d’embauche, on peut souvent en ressentir l’influence. Si je devais faire un entretien demain, je serais attentive à la culture de l’entreprise en matière de déconnexion. Les agences de communication sont souvent réputées pour ne jamais déconnecter. C’est une mentalité qui diffère, et personnellement, je ne partage pas cette approche. C’est l’une des raisons pour lesquelles je ne me suis pas orientée vers ce type de management.

Le travail est-il encore à la base de notre identité ?

Notre travail est une part importante de notre vie. Nous passons souvent plus de temps au travail que chez nous, donc il influence forcément notre identité. Finalement, je me suis donné les moyens de pouvoir étudier et de faire le métier que je veux. Mais oui, je suis convaincue que si le travail ne correspond pas à nos aspirations, cela affecte notre identité en tant qu’individu. Je ne pourrais pas envisager de faire un travail qui ne me corresponde pas, qui ne reflète pas qui je suis en tant que personne.

De nos jours, je crois que nous, les jeunes, sommes généralement moins attachés à une entreprise en particulier. Personnellement, je resterai tant que je suis heureuse ici, mais si un jour je ne le suis plus, je ne vais pas feindre la maladie pour éviter le travail. Je chercherai simplement ailleurs. Certes, le CDI offre une certaine sécurité, c’est vrai, mais je resterai ouverte aux opportunités qui se présenteront. Je ne suis pas la seul dans ce cas, j’en suis convaincue. Pour revenir à ce que tu disais sur la fidélité, je pense que ce lien n’est plus du tout aussi fort de nos jours.

Quelles actions les entreprises peuvent-elles entreprendre pour attirer des jeunes talents ?

On aborde vraiment un sujet important, car personnellement, j’adore mon travail et que je m’y investis énormément, je suis du genre à ne pas pouvoir ne pas travailler. Cependant, un véritable équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle est crucial à mes yeux, notamment grâce au droit à la déconnexion et aux congés. Malgré tout, je sais que je travaille beaucoup aussi pour pouvoir partir en vacances et pouvoir vraiment déconnecter. Bien sûr, les avantages matériels comme le salaire sont importants, mais je crois que tous les à-côtés, tous les avantages supplémentaires, sont tout aussi cruciaux. Par exemple, lors d’un entretien avec une entreprise, j’ai découvert qu’ils n’offraient pas de télétravail. Personnellement, je suis totalement en faveur du travail en présentiel, mais si un jour j’ai besoin de finir plus tôt pour emmener mon chat chez le vétérinaire, je suis reconnaissante d’avoir la possibilité de télétravailler. Même si je suis sceptique quant à son utilisation régulière, je pense que c’est très important d’avoir ce droit. Cette entreprise offrait également cinq semaines de congés pile-poil, pas un jour de plus. Les horaires étaient stricts, de 9 heures à 18 heures,  je ne m’y sentais pas. Actuellement, je peux partir à 16h si j’en ai besoin, mais en contrepartie, il peut m’arriver de finir plus tard sans problème. Ces avantages de flexibilité sont très importants pour moi, et c’est ce qui me motiverait à rejoindre une entreprise. Bien sûr, les valeurs de l’entreprise sont également essentielles. Si je ne partage pas ces valeurs, il serait difficile pour moi de m’y épanouir. Enfin, les missions que l’entreprise proposent sont également un critère important, mais je veille déjà à ne postuler que dans des entreprises dont les missions m’intéressent.

L’importance des valeurs reflétées par les entreprises

Les valeurs se ressentent plutôt qu’elles ne s’écrivent, car les écrire est très facile. Tout le monde peut dresser une liste de valeurs, mais cela ne reflète pas forcément la réalité. Personnellement, je ne pense même pas que je poserais directement la question sur les valeurs lors d’un entretien, car je crois que cela se perçoit vraiment dans l’ambiance générale et dans les échanges avec les personnes rencontrées. Lors d’un entretien, dès le début, on peut observer comment l’entreprise est présentée, comment le manager ou le responsable des ressources humaines décrit la culture de l’entreprise. C’est là que l’on comprend si l’on partage réellement ces valeurs. Cependant, je ne demanderais pas explicitement quelles sont vos valeurs, car cela ne signifie pas grand-chose pour moi. Je préférerais les éprouver davantage au fur et à mesure du processus de recrutement.

Toutes les entreprises sont obligées, à un moment, de les afficher et elles les affichent toutes. Mais ce n’est pas pareil entre les afficher et les vivre. 

Avez-vous déjà été déçue par une entreprise ?

Pour résumer, j’ai passé trois ans dans une entreprise, deux ans dans une deuxième, puis huit mois dans une autre, et maintenant je vais bientôt atteindre un an à René-Cassin. Non, je n’ai jamais été déçue. Par exemple, dans ma première entreprise, je travaillais sur la marque employeur, ce qui était d’ailleurs un sujet qui me passionnait beaucoup, surtout étant donné que nous recrutions dans le domaine de l’informatique. Il serait difficile pour moi de dire que j’ai été déçue. D’ailleurs, personne ne m’a jamais approchée en me disant directement : “Voici nos valeurs”, même si je sais qu’elles ont été décrites quelque part. Mais je les ressens tout de même.

Je suis arrivée à 18 ans dans ma première entreprise et j’en suis repartie à 21 quand j’avais fait mon temps. Aujourd’hui, je pourrais y retourner justement pour les valeurs et la bonne entente qu’il y avait au sein de l’équipe. Mais je n’allais pas faire mes cinq ans d’alternance là-bas parce que ce ne serait pas m’aider. A la Poste, la seconde entreprise que j’ai connue, c’est tout simplement parce que mon contrat s’est terminé. Je m’y retrouvais un peu plus difficilement car c’est une entreprise un peu spéciale. La Poste m’avait proposé quelque chose, mais je n’avais pas voulu spécialement continuer. Enfin, j’ai quitté la CMA parce que je m’ennuyais. 

Renforcer la mobilité interne

Je vois la mobilité interne sous un nouvel angle. Lorsque j’étais en alternance, je trouvais cela un peu excessif, mais maintenant que je suis integrée, je réalise que c’est une excellente opportunité. Je suis convaincue de l’importance de la mobilité interne pour retenir les collaborateurs. Si demain on me propose un autre poste, je serais prête à relever le défi. Bien sûr, j’ai déjà une bonne connaissance de l’entreprise et je suis opérationnelle, mais changer de poste signifierait aussi un changement d’environnement, ce qui est très stimulant. C’est quelque chose qu’il faut garder à l’esprit, bien que cela dépende évidemment des entreprises.

Dans mon entreprise actuelle, nous conservons notre ancienneté tout en changeant de poste, ce qui est crucial pour explorer de nouveaux horizons. Si on revient à la question générationnelle, je crois que nous ne sommes pas seulement fidèles à une entreprise, mais peut-être pas non plus à un poste en particulier.

Comment définiriez-vous votre réussite ?

La réussite implique à la fois une satisfaction personnelle et la reconnaissance des autres. Cependant, si je prends l’exemple de mon travail actuel, je ne suis pas sûre que le simple fait d’organiser et de conclure des événements soit le summum de la réussite. Là où je placerais les limites, c’est quand on atteint un objectif, et qu’on se demande : “Quel est le prochain défi ?” Je pense que ce serait une bonne nouvelle mais ce serait également la fin d’un livre ou d’un chapitre au moins. 

Une réussite collective a lieu quand on y arrivé tous ensemble. J’adore le mot collectif. Je le mettrais toujours en avant, même si je gère quelque chose à titre personnel, il y a toujours des personnes qui ont collaboré avec nous et qui nous ont aidées. Ce qui importe, ce sont aussi les retours que nous recevons et si nous avons tous été satisfaits.

Conserver une bonne image d’entreprise

Pour qualifier la réussite d’une entreprise, nous sommes obligés de penser au financier parce qu’une entreprise qui ne réussit pas financièrement ne peut pas continuer, cela reste du business. Mais je ne dirais pas que ça, il y aussi l’image qu’on renvoie. Sortir de l’argent c’est bien, même s’il en faut, mais vraiment l’image est cruciale. Le fait de se dire qu’on est une belle entreprise et que les gens nous conseillent est important. Ça m’embêterait de travailler dans une entreprise avec une image négative. 

L’image n’a rien à voir avec la taille de l’entreprise. A la Poste, par exemple, j’adorais l’image qu’elle avait. Vraiment, à chaque fois que je disais que je travaillais à la Poste, une image RSE se dévoilait, et cette dernière est sincère dans cette entreprise. Je trouve que la Poste est quand même une entreprise qui a réussi. 

RSE, QVCT… des labels utiles ou juste du good-washing ?

Mon mémoire de Master porte sur tout ce qu’on appelle le good washing qui regroupe la RSE et d’autres secteurs que l’environnement. La thématique précise était : comment une communication RSE solide contribue à valoriser l’image de marque d’une entreprise de services en B2B en évitant d’être assimilée à la tendance du good washing ? 

Pour moi, quand on aborde le sujet des labels et tout ce qui s’ensuit, c’est un peu comme une forme de validation. Tout à l’heure, je parlais de la notion de preuve. Obtenir un label peut être considéré comme une preuve, mais ce n’est toujours pas une preuve tangible tant qu’on ne l’a pas vécu pleinement. Le bien-être au travail par exemple est essentiel pour se sentir épanoui. Dans une entreprise où cette dimension est absente, cela devient difficile. Personnellement, je ne pourrais pas m’épanouir dans un environnement où le bien-être au travail n’est pas une priorité.

L’importance de maintenir de bonnes relations au travail

Le travail prend une grande place dans notre vie. Si l’on revient sur le concept de marque employeur, comment maintenir les salariés est quelque chose sur lequel une entreprise n’a pas vraiment de contrôle. Pourtant, je pense que c’est crucial, tout comme l’importance des relations avec les collègues. Par exemple, chez Abside, je me sentais bien. J’avais hâte d’aller au travail le matin, pour bosser évidemment, mais parce que j’étais bien entourée. Il y avait une bonne ambiance. Après, il ne faut pas tomber dans le trop. A Abside on m’avait donné la casquette de CHO, chief happiness officer. Ce qui permettait justement d’être bien au travail et d’organiser des événements, hors boulot et pendant le boulot, ce qui était quand même très agréable. Mais l’entente entre collègues, je ne sais pas comment et même si l’entreprise peut le prendre en compte dès l’entretien d’embauche.

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