Notre contributeur

Maël Lavie Derande

Métier / fonction : Architecture d’entreprise & Coaching professionnel pour la transformation des organisations
Domaine d’activité : Transformation des entreprises
Vous en un mot : Amour

“Pour évoluer, il est essentiel de se mettre au travail, mais se mettre au travail signifie avant tout travailler sur soi-même. Cela implique de comprendre nos motivations profondes, ces «drivers» qui sont souvent implantés dès l’enfance, tels que «agis vite, sois parfait, fais plaisir, etc.»”

“Nous avons deux besoins primordiaux : celui d’amour et celui de sécurité. Le monde du travail satisfait ces deux besoins. Le besoin de sécurité est comblé par le travail et l’argent, qui représente la stabilité financière. Quant à la reconnaissance, elle nous fait nous sentir aimés. Ainsi, le monde du travail exploite ces deux aspects, consciemment ou inconsciemment.”

La réussite vue comme notre capacité à être responsable positif, authentique, fidèle à nous-même, quel que soit le contexte

II existe une sorte d’attraction entre les individus qui fonctionnent ainsi. Au-delà de cela, ceux qui sont vraiment authentiques voient en eux une lumière qui n’est pas commune à tous, mais qu’ils peuvent faire rayonner à l’extérieur.

Avec un peu de chance, ceux qui ont plus d’énergie ont également davantage de capacité à écouter et à accueillir les autres. C’est universel, personne n’a envie d’aller bosser avec des gens recroquevillés sur eux-mêmes et qui tiennent des propos négatifs. 

Si on fait les choses avec passion, on ne voit pas le temps passer. Je suis content de me lever le matin. Par contre, je considère que ma réussite dépend de mon équilibre au sens large. Je veille au nombre d’heures que je fais, parce que j’essaie de dormir beaucoup, au moins sept-huit heures par nuit. Je pense que c’est important de ne pas être en quête de sommeil. Car c’est à ce moment précis qu’on peut commettre des erreurs. J’essaye de bien faire mon yoga le matin, du cardio, manger sainement ni trop boire d’alcool. 

C’est une question d’équilibre. Fumer une cigarette de temps à temps avec un verre de rosé, c’est sympa mais tous les jours, c’est autre chose.

Vers une organisation des prestataires libres

Par exemple, un maçon, un électricien, un plombier et un peintre décident de s’assembler le temps d’un chantier de rénovation. Ce sont des indépendants, c’est ce qu’ils appellent des prestataires libres. Donc, ce n’est pas comme des consultants qui pour s’organiser, ont juste besoin de leur PC pour bosser. Eux ont besoin de l’approvisionnement, ils ont besoin de commander des tuiles, etc. Tu peux décider temporairement de former un écosystème d’entrepreneurs libres pour faire une rénovation. Mais ça tient à sa propre structure juridique 

C’est le contexte dans lequel interviennent ces gens qui fait que la contractualisation est nécessaire, parce que l’Etat impose des garanties, il impose la matérialisation de la responsabilité engagée par les entrepreneurs qui sont concernés. Mais après, ça pourrait très bien se faire de gré à gré. Parce que là, il y a une contrainte médiane qui s’impose. 

Dans le monde que je pourrais rêver, on fait au plus simple, on ne s’embête pas. D’un autre côté, le rôle de la société est de garantir la sécurité et l’intégrité de ses membres. Donc, quelque part, le fait qu’il y ait des règles est aussi important pour que les gens ne se retrouvent pas le bec dans l’eau. Oui, dans le monde rêvé c’est tout le monde qui agit à l’égard d’autrui comme il aimerait qu’on agisse avec lui.

Les valeurs ET le business

Je vais vous donner une réponse un peu mystique, mais je crois que nous attirons les personnes avec qui nous allons travailler. Pour ma part, je rencontre beaucoup de gens intègres, et je pense que c’est une croyance erronée de considérer le monde des affaires comme peuplé uniquement de requins et de personnes véritablement malhonnêtes. En réalité, j’ai rencontré très peu de personnes où je ressentais un réel danger.

Pour évoluer, il est essentiel de se mettre au travail, mais se mettre au travail signifie avant tout travailler sur soi-même. Cela implique de comprendre nos motivations profondes, ces “drivers” qui sont souvent implantés dès l’enfance, tels que “agis vite, sois parfait, fais plaisir, etc.”. Il est important de comprendre l’origine de ces drivers et comment ils ont émergé. En reconnaissant les moments où ces drivers s’activent, on peut récupérer l’énergie dépensée par notre inconscient. Ensuite, il est crucial de comprendre nos blessures narcissiques telles que la trahison, le rejet, l’abandon, l’humiliation, l’injustice, et quelles sont leurs implications dans notre vie quotidienne, sur notre propre estime et sur nos relations avec les autres.

Cela est lié à un besoin de reconnaissance qui découle lui-même d’un besoin fondamental, celui d’amour : être reconnu équivaut à être aimé, et j’ai besoin d’être aimé. En tant qu’être humain, nous avons deux besoins primordiaux : celui d’amour et celui de sécurité. Le monde du travail satisfait ces deux besoins. Le besoin de sécurité est comblé par le travail et l’argent, qui représente la stabilité financière. Quant à la reconnaissance, elle nous fait nous sentir aimés. Ainsi, le monde du travail exploite ces deux aspects, consciemment ou inconsciemment. Bien sûr, certaines personnes connaissent ces mécanismes psychologiques et les utilisent habilement pour obtenir ce qu’elles désirent. Ça peut être vertueux si ça va dans le sens du collectif, de l’entreprise mais si c’est pour eux-mêmes et combler leurs propres objectifs, là ça devient un peu borderline.

L’optimisme toujours ?

Je suis optimiste, mais je ressens souvent de la colère. Ce qui me met en colère, ce sont généralement des choses qui me font perdre du temps par exemple. Je me dis que cela va me faire perdre du temps. J’ai une forme de foi dans la vie. J’ai un système de croyance où je pense que je suis venu sur terre pour vivre cette incarnation physique, afin de continuer à progresser, à comprendre des choses que j’emporterai avec moi dans la prochaine vie, et qui continueront à se développer dans les suivantes. Peut-être que je pourrai même les transmettre à d’autres.

Pour moi, la vie est une opportunité d’expérimenter différentes situations. J’ai également la conviction que la vie ne m’envoie que des épreuves pour lesquelles j’ai les ressources nécessaires pour les surmonter ou les gérer. C’est une forme d’optimisme pour moi.

Le travail sur soi nous permet d’adopter un regard bienveillant. Par exemple, lorsque je prends conscience de mes propres blessures et que je les identifie chez les autres, je réalise que ce n’est pas vraiment la personne en face de moi, avec sa lumière et son âme, avec qui je suis en relation. C’est plutôt une partie d’elle qui réagit lorsque j’effleure cette blessure. La bienveillance, la compassion, peu importe comment on les nomme, je pense que c’est simplement être humain, être pleinement en relation avec soi-même et avec les autres.

Différencier organisation et hiérarchie

Dans le monde du travail idéal, une entreprise a deux finalités. La première : faire de l’argent et la deuxième : faire grandir les collaborateurs de l’entreprise. Qu’ils valorisent et développent leurs talents. Et aussi de grandir personnellement, parce que, pour moi une personne qui n’est pas bien à l’intérieur forcément, en externe, ça va être compliqué.

Pour moi, une entreprise qui fonctionne est comme une grosse machine. Et cette machine a des plans de fonctionnement, une méthode. Mon idéal serait des entreprises où ces plans, qu’il s’agisse de plans de fonctionnement ou de stratégies, soient transparents pour tous. Ainsi, le mode de fonctionnement pourrait être amélioré au fil du temps. Pour moi, l’organisation n’est qu’une facette du mode de fonctionnement. À l’intérieur, on trouve les processus, les flux d’informations, les projets, et bien plus encore.

Nous avons un plan A et un plan B, nous sommes tous dans le même bateau. L’entreprise représente ce bateau, et si certains ne savent pas où aller, il y aura forcément ceux qui rament constamment à contre-courant. Pour moi, la hiérarchie est souvent confondue avec l’organisation, et philosophiquement, la hiérarchie pose problème. Pourquoi ? Parce que dans ma conception d’une entreprise, il s’agit d’un système complexe où tout est relié, tout est interdépendant. La hiérarchie, en revanche, est arborescente, elle ressemble à un arbre avec des nœuds et des branches. Lorsque vous atteignez le sommet, vous avez perdu de l’information. Ce n’est pas comme si chaque feuille était reliée à une autre, car dans un nœud ou quelque chose de similaire, vous avez tenté de dissimuler la complexité. En conséquence, cela rend les choses hermétiques.

Mon métier consiste à cela, je pratique ce qu’on appelle l’architecture d’entreprise. Mon rôle est de mettre en lumière cette complexité et de faire en sorte que les gens l’acceptent, qu’ils travaillent avec elle et apprennent à l’apprivoiser, en s’appuyant sur différentes perspectives.

Apprivoiser la difficulté et non l’ignorer

La nature profonde de l’univers est l’interdépendance et la complexité. Donc, si tu fais l’autruche et que tu restes dans ton propre domaine sans considérer ces aspects, tu passes à côté de l’essentiel. Ensuite, la hiérarchie est souvent utilisée comme un moyen de satisfaire les besoins de pouvoir et de reconnaissance, ces deux éléments étant souvent liés. Ainsi, cela dévie de sa véritable fonction. Et ceux qui parviennent au sommet de la hiérarchie ne sont généralement pas les meilleurs ou les plus talentueux sur le plan émotionnel, mais plutôt ceux qui ont accepté de travailler le plus dur et de faire des sacrifices, que ce soit pour eux-mêmes ou pour les autres.

Il n’y a pas de dirigeant heureux ?

Être dirigeant reste un métier. J’ai essayé mais c’est pour ça que je suis indépendant maintenant. Maintenir une boîte c’est complexe et j’ai compris au bout de quelques années que ce n’était pas mon objectif. 

Je voulais rajouter une chose par rapport à la thématique de la hiérarchie et à propos de la différence entre chef et leader. Dans la hiérarchie, il y a une notion de pouvoir imposé. Dans le leadership, il n’y a même pas de pouvoir, et je vais encore être un peu mystique, mais pour moi, la notion de pouvoir comporte quelque chose d’énergétique. Cela signifie que lorsque je veux le pouvoir sur quelqu’un, consciemment ou inconsciemment, je lui vole de l’énergie. Dans la hiérarchie, cette notion d’accaparement de l’énergie est présente. En revanche, dans le leadership, il s’agit davantage d’un alignement des énergies au service d’un objectif établi, partagé, clair et transparent.

Se réunir autour d’une communauté de valeurs

Il faut des valeurs communes, que cela soit la marque de l’entreprise. Car une fois que l’entreprise a fourni cet effort de formalisation, ceux qui sont d’accord restent et ceux qui sont en désaccord s’en vont et donnent la barre du bateau avec ceux qui sont ok avec ça.

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